Le 14 mars 2023, plusieurs animateur-ice-s de plusieurs émissions de Radio Galère (Marseille) ont demandé l’éviction de l’émission de Nadia au motif que son contenu serait discriminatoire et haineux envers les personnes trans, « travailleuses du sexe » et musulmanes.
Par la présente prise de parole publique nous souhaitons soutenir fermement Nadia et sa précieuse émission féministe radicale.
Depuis 2018 son émission informe concrètement Marseille et ses alentours sur le sort des afghanes privées d’écoles, sur celui des des iraniennes oppressées par une théocratie fasciste (pléonasme?), sur le sort des victimes d’excision en Afrique, des victimes de la prostitution partout dans le monde, sur le droit à l’avortement, à la contraception, sur les mécanismes du système patriarcal, sur les violences masculines, sur les inégalités systémiques, sur la notion de « matrimoine », sur l’histoire des luttes féministes, l’histoire des femmes, sur tous les combats d’émancipation, sur le lesbianisme, sur la lutte contre les violences faites aux femmes, contre la culture du viol et contre le viol, tout-court, comme outil d’oppression des femmes, sur l’insondable impunité dont profite les violeurs dans ce pays.
Par rapport au mouvement trans, Nadia a le droit (et en tant que féministe, le « devoir ») d’en dénoncer les dérives, d’en critiquer les fondements idéologiques et d’alerter l’opinion sur ces problématiques très liées à des choses qu’elle combat : l’industrie du sexe, la marchandisation du corps de nos société capitalistes, les stéréotypes sexistes… Son approche « critique du genre » et son analyse nous sont tout aussi précieux à l’heure où les transactivistes n’ont de cesse d’appeler au meurtre des féministes radicales qu’ils appellent « TERF » et où la simple évocation de la biologie humaine déclenche des raids de cyber-harcèlement. Car ce courant de pensée, le transgenrisme, plutôt bien représenté à Radio Galère, PEUT être critiqué et questionné comme n’importe quelle autre courant de pensée.
Au sujet de l’Islam, son émission s’attaquant au système patriarcal, il est difficile d’imaginer que cette religion ne soit pas moins dans son viseur qu’une autre. Toute idéologie est critiquable. Le principe de laïcité, revendiqué par Nadia dans son émission, qui protège la liberté d’avoir un culte autant que celle de ne pas en avoir, est un principe fondateur de notre société qu’il convient de défendre et de respecter. « La Révolution sera Féministe » est parfaitement anticléricale, toutes les religions y sont dénoncées pour ce qu’elles sont : des outils de domination et de contrôle du corps des femmes. L’Hindouisme qui institutionnalise le viol en Inde ou les intégristes évangélistes anti-avortement y sont attaqué avec le même féminisme.
Par rapport aux accusations de racisme, on peut ici faire le constat que les personnes souhaitant silencier Nadia n’ont, a priori, écouté aucune de ses émissions intrinsèquement antiraciste, parce qu’universaliste. Toutes les femmes y sont défendue, quelle que soit leurs couleur de peau. Encore une fois, on veut discréditer toute critique féministe de la religion musulmane en associant ça a du racisme, c’est une malhonnêteté intellectuelle qui perdure depuis 2005, n’a fait que conforter l’extrême droite en divisant la gauche et a complètement sapé le mouvement antiraciste en France.
Enfin, concernant la prostitution, l’émission que Nadia tient à bout de bras depuis 5 ans est en effet abolitionniste et souhaite donc, à moyen ou long terme, la fin de toute forme d’exploitation sexuelle du corps des femmes dans le monde. C’est l’axe principal de son émission, son combat central : dénoncer l’esclavage sexuel comme outil de domination, diffuser la paroles des survivantes de la porno-prostitution, dénoncer les représentations, sexistes, racistes, lesbophobes et misogynes dans le porno, dénoncer les viols, séquestrations, actes de tortures, traitement inhumains et dégradants subies par des femmes dans l’industrie du porno, dénoncer la traite… Qui d’autre à Radio Galère peut prétendre s’attaquer autant à la prostitution, à l’influence du lobby du « travail du sexe », à la banalisation incessante, à l’euphémisation généralisée du fait prostitutionnel ?
En octobre 2022 Nadia s’est rendue physiquement au Palais de Justice pour couvrir un sujet sur le démantèlement d’un réseau de prostitution de femmes nigérianes à Marseille en se rendant au procès, en expliquant l’affaire à ses auditeurs, en interviewant les parties civiles… Ce n’est qu’un seul exemple parmi des centaines d’autres de l’implication courageuse de Nadia sur ces sujets qui concerne directement la « condition » des femmes dans le monde.
L’accusation de « putophobie » (merci la novlangue néo-libérale!) est parfaitement absurde puisqu’aucune émission sur Radio Galère ne peut prétendre prendre autant la défense des personnes en situation de prostitution que celle de Nadia. Aucun prise d’antenne à Marseille ne dénonce mieux la violences des clients, la difficulté de s’en sortir, les blessures physiques, les viols, les poly-traumatismes, les phénomènes de dissociation, la drogue, les meurtres… Il y a tellement de choses à dire et Nadia fait preuve de beaucoup de courage. Ces récits, ces constats, ces chiffres, ces réalités sont très dures à entendre, très dures à restituer également.
Pour conclure il est très important de prendre conscience du fait que Nadia sacrifie son équilibre psychologique, sa santé mentale pour s’en faire le relais. Elle est, comme tous les animateur-ice-s de Radio Galère, bénévole. Elle participe, comme ses accusateurices, à une formidable aventure humaine et radiophonique qui enrichit Marseille depuis 1984. Elle ne gagne ni argent, ni réseaux, ni opportunité professionnelles. Elle est elle-même survivante de violences, en situation de précarité, isolée par ses convictions que trop de peu de gens acceptent d’entendre. Le fait qu’elle soit aujourd’hui accusé de tout et n’importe quoi, au-delà de l’injustice sans nom que cela constitue, ne fait que révéler l’importance de son combat contre l’influence hégémonique des défenseurs de la porno-prostitution dans la société française en général et dans la gauche dite « anti-système » en particulier.
Défendons Nadia, sa parole, la parole de ses invitées qu’elle a réussie à faire venir dans les studio de Radio Galère, la parole des autrices, des responsables d’associations, d’élues, de chanteuses, de poétesse, d’anthropologues, de psychologues…
POUR QUE L’ÉMISSION « LA RÉVOLUTION SERA FÉMINISTE » CONTINUE !
SIGNEZ LA PETITION : https://urlz.fr/l688
